Chapitre 1 - ANGIE, dépêche toi on va être en retard en cours.
- J’arrive…
J’enfilai un t-shirt et un jean puis dévalai les escaliers en quatrième vitesse. Je jetai un coup d’œil rapide à travers la fenêtre pour regarder quel temps, il faisait… prévision météorologique : grand soleil avec quelques nuages.
Je longeai un grand couloir rempli de cartons, j'ouvris la troisième porte toute contente d’avoir ouvert la bonne.
- Félicitations, tu ne t’es pas trompée de porte cette fois.
Je tournai la tête en direction de la personne qui parlait. Il affichait un grand sourire. Un sourire qui ferait fondre n’importe quelle personne, qu'elle soit mariée, célibataire ou même d'âge mûr. Onii-chan avait l’habitude de l’appeler «smile killer », le sourire qui tue, un surnom qui lui allait à merveille. A chaque fois que
Yuta souriait, il pouvait faire plier à sa volonté n’importe qui que ce soit les filles ou les garçons. Bizarrement son « smile killer » n’avait aucun effet sur moi, peut être parce qu’il faisait partie de ma famille et que je connaissais ses secrets … Des secrets qui soit dit en passant casseraient son image de beau gosse.
- Bonjour, Yuta.
- Eh ? Tu ne répliques pas ? Qu’est ce qui t’arrive… Ne me dis pas que tu as encore vu
Satonako tout nu ?
Je fis la grimace rien qu’en y pensant. Même si Satonako était mon frère, je ne supportais pas le voir se promener tout nu dans la maison, c’était une situation… comment dire bizarre et cauchemardesque. Il m’a fallu des mois pour me remettre du traumatisme. Certes Satonako était plutôt beau garçon avec toute la panoplie du petit ami parfait : des abdos, d’énormes biceps, un sourire éblouissant. En résumé, la panoplie du parfait tombeur. Mais c’était mon frère !
- Yah ! Tu crois que je n’ai pas eu assez d’heures de psychanalyse la dernière fois ou quoi ! Et puis si j’avais aperçu onii-chan à poil encore une fois, tu m’aurais entendue gueuler depuis longtemps !
J'avais à peine fini ma phrase que Yuta éclata de rire. Il alla attraper la briquette de jus d’orange dans le frigo et me servit un verre. Je l’examinai de la tête aux pieds, il était habillé d’un jean troué au genou avec une veste carrelée et légèrement entrouverte qui laissait apparaître ses clavicules.
- Pourquoi est ce que tu me reluques comme ça ? Je suis si beau ?
- Tu es magnifique, on dirait un dieu… En parlant de dieu,
Kiryu il est où ?
Kiryu était le frère jumeau de Yuta, ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, et la plupart des gens avaient l’habitude de les confondre, ce qui était légèrement stupide : Kiryu avait la plupart du temps des mèches de couleur blonde. Et Yuta avait un petit grain de beauté au menton.
- Il n’est pas rentré, il a du rencontrer une fille hier soir quand on l’a laissé… Rosa-chan tu sais où est mon…
-Yuta-sama l’a laissé dans la salle de projection. Bonjour Angie-sama.
- Bonjour Rosa.
Rosa était en quelque sorte notre nourrice. Nourrice ? Oui je crois que c’est le mot le plus approprié, même si à 19 ans nous n'en avons bien sûr plus besoin. Mais Ojii-sama avait insisté pour rester à nous servir. Ce qui était une bonne chose pour nous étant donné que Rosa est plus notre « obasan » que notre servante. Durant toutes ces années, elle avait été à nos côtés, pour nous donner des conseils ou nous consoler lorsque notre humeur n’était pas au beau fixe. Elle était en quelque sorte notre ange gardien.
- Angie-sama a bien dormi ?
- Pas vraiment… Tu ne devrais pas être de repos aujourd’hui ?
- Je me reposerai quand vous serez en cours.
- Prends toi la journée et demain aussi, tu as besoin de te reposer
- Je me reposerai quand je serai morte. Et qu’est ce que vous ferez sans moi?
- On serait perdus. Mais si tu te surmènes tu risques de…
- J’ai trouvé ! Senkyu Rosa-chan.
Je ne pus m’empêcher de sourire en entendant Yuta. Je me demande bien ce que les gens penseraient s’ils savaient que leur acteur favoris était en fait une tête en l’air et perdait tout. Je regardai ma montre : 7h39. Zut on va être en retard en cours. Je bus mon verre de jus d’orange cul sec, appelai Yuta tout en me dirigeant vers la porte, attrapai mon sac de cours à la volée tout en criant bonne journée à Rosa qui s’inclina en guise de réponse.
Quand j’arrivai dehors je fis un tour sur moi-même pour savoir où avait bien pu passer
ma moto. Une
voiture de sport rougese trouvait à la place.
- Une voiture de sport ? (Regardant Yuta). Ton nouveau jouet ?
- L’avantage d’être une célébrité.
- Je suis aussi une célébrité et on ne me donne pas pour autant de tels jouets !
- C’est parce que tu choisis mal tes publicités.
En y réfléchissant, il avait peut être raison, les seules publicités que je tournais étaient toutes pour des téléphones portables, des ordinateurs ou des Ipod. En conséquence de quoi, ma chambre en était remplie. C’était décidé, la prochaine publicité devrait porter sur des voitures !
- Le vieux ne te laissera jamais tourner des publicités de ce genre.
- De quoi tu veux parler ?
- Des publicités où il y a des voitures de sport. Je vois déjà son discours : « Angie ! Tu es une fille ! Il est hors de question que tu tournes ce genre de publicité ! »
Je ne pus m’empêcher de rigoler quand il imita les manières d’ojichan. Des manières qui étaient d’ailleurs très ressemblantes. C’est ce à quoi il faut s’attendre de la part d’un acteur. 25 minutes plus tard et quelques frayeurs au tournant, nous arrivions enfin à Gakuen Heaven.